“Bon combat” : Réflexion sur l’usage des mots en temps de crise

Dans notre communauté, les mots ont toujours été porteurs de sens et d’émotions. Ils ont servi à bâtir des ponts entre les individus, à transmettre des rêves et à résister face à l’adversité. Mais aujourd’hui, il est alarmant de constater comment certains termes sont détournés et vidés de leur essence, devenant de simples outils de dérision ou de division.

Une expression, en particulier, illustre ce phénomène : “bon combat”. Jadis utilisée pour encourager la persévérance et la foi face aux défis, elle est désormais employée de manière désinvolte, parfois même cynique, au cœur d’une insécurité grandissante. Cette banalisation de l’expression reflète une réalité inquiétante : la normalisation des conditions de vie difficiles et l’échec de l’État à remplir son rôle fondamental de garant de la sécurité et du bien-être des citoyens.

Depuis une décennie, la vie quotidienne du pays est jalonnée d’obstacles presque insurmontables. L’accès aux services de base, tels que l’éducation, la santé et l’eau potable, reste un luxe pour une majorité de citoyens. Les familles luttent pour survivre dans un contexte économique asphyxié, où le chômage et l’inflation rendent l’avenir encore plus incertain.

Dans ce cadre, l’expression “bon combat” est souvent utilisée pour masquer l’indifférence ou l’impuissance des dirigeants. Elle semble exonérer l’État de ses responsabilités en laissant entendre que la souffrance quotidienne fait partie d’une sorte de fatalité à accepter, plutôt qu’un problème à résoudre. Cette acceptation tacite de l’inacceptable ne fait qu’aggraver la résignation collective.

Les jeunes, souvent moteurs de changement, doivent prendre conscience du pouvoir des mots et de leur impact sur la société. L’utilisation banalisée de “bon combat” ne devrait pas devenir un refuge pour justifier l’inaction ou tolérer l’injustice. Au contraire, elle doit être un point de départ pour réfléchir sur les défis structurels du pays et exiger des solutions concrètes.

Les jeunes sont les premières victimes de ces crises successives, mais ils sont aussi porteurs d’espoir. En refusant d’accepter la banalisation de l’adversité et en redéfinissant le sens de leurs mots, ils peuvent inspirer une nouvelle dynamique. “Bon combat” doit redevenir un cri d’encouragement sincère, une invitation à se relever, à se mobiliser et à réclamer un avenir meilleur.

Les défis d’Haïti sont immenses, mais ils ne doivent pas être normalisés. Les mots ont un pouvoir créateur ou destructeur. Pour construire un futur différent, il est crucial de leur rendre leur poids et leur profondeur. Utiliser “bon combat” pour banaliser la souffrance ou rejeter les responsabilités de l’État est une trahison envers notre quête collective de justice et de progrès. Il est temps que cette expression retrouve sa véritable vocation : inspirer le courage et appeler à l’action face à l’inacceptable.

Jeunes, citoyens, leaders : les mots que nous choisissons façonnent notre vision du monde. Faisons-en des outils de transformation, et non de résignation. Le véritable combat commence par là.

59 Comments

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