Dadou Pasquet s’éteint à 72 ans : la dernière note d’un monument du compas

Le monde de la musique haïtienne est en deuil. Le guitariste légendaire André “Dadou” Pasquet, cofondateur du Magnum Band et ancien membre phare du Tabou Combo, est décédé ce dimanche 23 novembre 2025 à l’âge de 72 ans, selon une annonce officielle de sa famille. Une disparition qui ébranle profondément les mélomanes en Haïti, dans la diaspora et bien au-delà.

Figure incontournable du compas moderne, Dadou Pasquet laisse derrière lui une œuvre colossale, une signature sonore inimitable et une influence durable sur plusieurs générations de musiciens. Dans ses derniers instants, interrogé par ses proches sur le message qu’il souhaitait léguer au monde, le maestro a livré une ultime phrase, simple et lumineuse : “Continuez à jouer la musique.” Un testament artistique qui résonne comme la conclusion poétique d’une carrière d’exception.

Né en 1953 dans une famille de musiciens, Dadou se passionne très tôt pour la guitare. Dans les années 1970, il rejoint le mythique Tabou Combo, où il contribue à redéfinir le compas grâce à son jeu subtil, mélodique et minutieux. Sa maîtrise technique et son sens de l’arrangement font de lui l’un des guitaristes les plus respectés de sa génération.

En 1976, aux côtés de son frère Claude “Tico” Pasquet, il fonde le Magnum Band, formation qui deviendra un laboratoire musical unique. Mélange de compas, de jazz, de rock, de rythmes traditionnels haïtiens et d’influences caribéennes, le groupe façonne un style novateur baptisé compas fusion. Des titres comme “Jéhovah”, “Prié”, “Liberté”, “Confiance”, “La Seule Différence”, “Ou pi la” ou encore “Paka Pala” deviennent des classiques, portés par la voix douce de Dadou, ses riffs élégants et ses arrangements intemporels.

Reconnu dans toute la Caraïbe, en Amérique du Nord et en Europe, Dadou Pasquet est resté tout au long de sa vie un ambassadeur passionné de la culture haïtienne. Son professionnalisme, son humilité et son exigence artistique ont inspiré d’innombrables musiciens. Pour ceux qui l’ont côtoyé, Dadou était plus qu’un guitariste : il était un pilier, un mentor, un chercheur infatigable du son parfait.

Alors que de nombreuses figures emblématiques de la musique haïtienne nous ont quittés au fil des années, la disparition de Dadou Pasquet rappelle la fragilité, mais aussi la richesse de ce patrimoine. Son départ souligne l’importance de transmettre, de documenter et de valoriser l’apport de ces pionniers. L’espoir demeure que la nouvelle génération saura s’inspirer de ces géants pour poursuivre, avec la même passion et la même exigence, l’œuvre entamée par ces bâtisseurs de la musique haïtienne.

FHM