Syndrome de Stockholm et Désamour : le malheur d’Haïti

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L’histoire nationale regorge d’exemples d’ingérence, d’humiliation, de coups foireux, d’infantilisation et d’affront de la part des puissances occidentales. La magouille du “paiement” de la dette de l’indépendance sous Boyer, l’affaire Emile Lüders sous le gouvernement de Tirésias Simon Sam en 1897, le vol de la réserve d’or en 1914 sont entre autres illustrations de la grande considération et de l’amitié des champions de la liberté, de la démocratie et du droit à l’autodétermination des peuples à l’égard d’Haïti.

Ce traitement spécial réservé à ce “peuple de nègres” explique bien la différence entre les maitres du monde et les enfants indignes que nous sommes. Eux font exactement ce qui leur a été enseigné et/ou recommandé par leurs pères et mères : piller pour s’enrichir, diviser pour régner et tuer pour dominer. Ce qui est clairement dit dans ces mots de Franklin D. Roosevelt : “Il faut constamment soulever les va-nu-pieds contre les gens à chaussures et mettre les gens à chaussures en état de s’entre-déchirer les uns les autres, c’est la seule façon pour nous d’avoir une prédominance continue sur ce pays de nègres qui a conquis son indépendance par les armes.”

Nous pouvons déjà entendre les grands intellectuels expliquer que les nations n’ont pas d’amis mais des intérêts et que nous ne comprenons rien au jeu de la diplomatie et de la géopolitique. Nous nous passerons de nous y attarder dans ce texte, car notre objectif est ailleurs. Nous ne nous contenterons que de poser une question fondamentale pour envisager la reconquête de cette liberté qui a coûté si cher à nos aïeux : comment en est-on arrivé là ?

Aux risques de paraître trop simpliste, nous estimons que cette seule question renferme à la fois la connaissance du problème mais aussi la solution (du moins des éléments de solutions) à cette dernière. Ne dit-on pas à juste titre qu’un problème identifié est à moitié résolu? Pour revenir au comment de cette situation qui a bien trop duré et qui malheureusement risque de perdurer encore longtemps, nous voyons une réponse à deux composantes.

Syndrome de Stockholm

À bien réfléchir sur le drame haïtien, force est de constater que la majorité des citoyens (sans considération de genres) est en plein dans un syndrome de Stockholm. Cette référence à la capitale suédoise exprime la propension d’une victime à sympathiser et à adopter le point de vue de son bourreau. En effet, l’histoire de notre pays témoigne de très nombreuses fois que nos “amis” n’ont rien d’amical dans leurs rapports avec nous. Mais, nous ne jurons que par eux.

En dépit de la crasse qu’ils nous font de manière systématique, nous ne témoignons aucune volonté de nous sortir de l’emprise amicalement odieuse et massacrante de ces gentils bourreaux. À croire que nous tenons plus à leur faire plaisir qu’à nous battre pour notre survie.

Le désamour

Il est triste de constater qu’Haïti – cette grande dame digne et fière – a été trahie par une bande de fils et de filles indignes. Une bande d’héritiers qui ne méritent pas l’honneur d’être né.e.s sur cette terre. Qui osent encore aimer Haïti? Entre visas, bourses d’études et intérêts personnels, il ne reste que peu voire plus de place pour Haïti. 

Cela ne veut nullement dire que seuls les haïtiens de l’intérieur du pays seraient à même d’aimer la mère patrie. Loin de nous toute volonté d’exclure la diaspora. Mais, les Conzé se reconnaîtront. Ceux-là qui n’ont aimé ni Péralte et qui n’aiment ni eux-mêmes, ni Haïti.

Et quand il n’y a plus d’amour, il n’y a plus aucune raison de se battre. Et quand personne n’ose se battre, tout le monde fuient. Quand personne n’ose se battre, tout le monde va se faire humilié ailleurs. Quand personne n’ose se battre, plus personne n’est libre. Tout le monde n’est que néoesclaves.

L’histoire finie toujours par se répéter

Entre 1503 et 1803, les jours ne se comptent pas. Les bourreaux – dans leur confort – pillaient, violaient, mangeaient et torturaient physiquement et psychologiquement des hommes et des femmes qui ne comptaient pas, qui puaient la merde jusqu’à ce qu’une énième cohorte venue d’Afrique ne réalisa l’impensable.

Aujourd’hui, les bourreaux- dans leur confort – pillent, violent, mangent et torturent physiquement et psychologiquement les hommes et femmes de ce “shithole country”, encore une fois l’Afrique a donné le signal, aux fils et filles de la liberté de refaire l’histoire.

Joe Dessources

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