Carte d’identification nationale, une procédure chaotique qui exaspère les citoyens

L’obtention de la carte d’identification nationale en Haïti vire au cauchemar pour des milliers de citoyens. Files interminables, pannes informatiques, cartes égarées, les dysfonctionnements au sein de l’Office National d’Identification (ONI) attisent la colère et l’exaspération des usagers.

Obtenir une carte d’identification nationale relève aujourd’hui d’un véritable parcours du combattant. Des milliers de citoyens dénoncent les lenteurs administratives, les dysfonctionnements à répétition et le manque criant d’organisation dans les bureaux de l’Office National d’Identification (ONI), notamment dans les annexes hébergées dans les locaux de l’OAVCT à Pétion-Ville.

« Cela fait plus d’un an que j’ai fait ma demande, et je n’ai toujours rien reçu », se plaint une femme, visiblement excédée. Elle est loin d’être un cas isolé. Chaque jour, dès l’aube, des files interminables se forment devant les centres de distribution, où les citoyens attendent dans l’espoir de récupérer ce document pourtant indispensable : inscription scolaire, démarches administratives, accès aux soins ou encore participation aux élections.

Les témoignages recueillis sur place sont accablants. Les obstacles sont multiples : coupures de signal, absence d’Internet, cartes indisponibles, retards fréquents. « Sans Internet, impossible de finaliser l’enregistrement ou de délivrer les cartes », déplore un employé, impuissant face à la situation.

La frustration monte. Dans certaines annexes, des altercations ont failli dégénérer. « Une bagarre a presque éclaté aujourd’hui à cause de l’impatience. Sans l’intervention rapide des employés, cela aurait pu mal tourner », raconte Lucie, en colère, qui vit elle aussi cette galère interminable. Pour un autre membre du personnel, les responsabilités sont claires : « C’est l’État qui est responsable. Nous manquons de moyens, de formation et d’organisation. »

Nombreux sont les citoyens qui reviennent plusieurs fois pour récupérer leur carte, parfois égarée par l’administration. D’autres se présentent pour l’établir pour la première fois. Dans tous les cas, l’attente interminable reste la règle.

Pour tenter de gérer le flux, les autorités ont instauré une répartition par ordre alphabétique dans l’annexe de l’ONI près de l’église Saint-Pierre : Lundi et jeudi : lettres A à H; Mardi et vendredi : lettres I à O; Mercredi : lettres P à Z.

Mais cette mesure, jugée largement insuffisante par les usagers, n’a pas permis de désengorger les lieux ni de fluidifier le processus. Même avec un rendez-vous, le parcours reste chaotique.« On dirait qu’ils veulent qu’on subisse cette injustice », dénonce Jean Edy, rencontré sur place.

Face à ce désordre généralisé, les citoyens sont à bout. Ils réclament une réforme en profondeur du système d’identification nationale. Car au-delà des retards et des files d’attente, c’est un droit fondamental qui leur est refusé : le droit à l’identité.

FHM

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