CR7 est-il vraiment un poids pour le Portugal ?

Depuis la large victoire 9-1 du Portugal contre l’Arménie, un match disputé sans Cristiano Ronaldo, suspendu après un carton rouge, une question revient avec insistance dans le débat footballistique : Cristiano Ronaldo est-il devenu un poids pour la Seleção ? Entre analyses hâtives, conclusions simplistes et emballement médiatique, il est nécessaire de revenir aux faits.

CP : Inpho Photography

Au cours de cette même année où certains commentateurs affirmaient que CR7 n’avait plus sa place, le Portugal a remporté la Ligue des Nations, en battant en finale l’une des meilleures équipes d’Espagne de l’histoire récente, considérée par les bookmakers comme la grande favorite pour la Coupe du monde 2026. Non seulement Ronaldo a joué un rôle central, mais il a marqué en demi-finale puis en finale, rappelant qu’il reste un compétiteur d’exception, capable de répondre présent lorsque l’enjeu est maximal. Un “poids” qui porte son équipe à un titre ? L’argument peine à convaincre.

On peut débattre de style de jeu, de système ou de vieillissement, mais il existe un critère impossible à manipuler : les chiffres. Et durant trois années consécutives, Cristiano Ronaldo a été le meilleur buteur portugais au monde. Devant les jeunes talents, devant ceux qui sont présentés comme ses héritiers, devant ceux supposément plus en phase avec le football moderne. Pour couronner le tout, il est également le meilleur buteur de la sélection dans la campagne qualificative à la Coupe du monde 2026. À près de 40 ans, maintenir un tel rendement relève de l’exploit, pas d’un déclin.

On présente souvent Gonçalo Ramos comme la solution idéale en pointe. Pourtant, sa situation actuelle en club raconte une tout autre réalité : il est aujourd’hui le remplaçant… du remplaçant au PSG. Son temps de jeu est limité, son influence irrégulière. À l’inverse, même à 40 ans, Ronaldo inspire toujours la crainte. Son nom seul, son aura, sa présence dans la surface pèsent sur toutes les défenses. Comparer les deux joueurs à l’instant T, c’est ignorer la dimension psychologique et stratégique que CR7 continue d’apporter à la Seleção.

Certains avancent que le Portugal peut gagner sans lui, comme contre l’Arménie, et que cela prouverait son inutilité. Mais cette logique est biaisée. Le Portugal possède l’un des effectifs les plus talentueux de son histoire. Battre une sélection faible ne prouve en rien que Ronaldo est un frein. Être remplaçable sur certains matchs ne signifie pas être un poids. Aucune grande nation ne repose sur un seul homme, et Ronaldo n’a jamais revendiqué ce rôle.

La grande évolution de Ronaldo ces dernières années est d’ailleurs trop souvent passée sous silence. Pour la première fois de sa carrière, il a réellement accepté qu’il n’est plus le meilleur joueur de l’équipe, qu’il ne peut plus enchaîner 90 minutes à haute intensité tous les trois jours. Et il a embrassé un rôle nouveau : celui du leader de vestiaire, celui du joueur d’expérience qui transmet, celui qui peut aider même depuis le banc, celui du vétéran capable d’offrir 60 minutes de haute qualité plutôt que 90 minutes forcées. Cette maturité, rarement évoquée, est pourtant l’un des plus grands atouts actuels de la Seleção.

Ronaldo n’est plus le héros solitaire de 2016. Il est devenu autre chose : un symbole, une arme psychologique, un finisseur encore redoutable, et surtout un leader respecté. Qualifier un joueur comme lui de “poids”, malgré sa transformation, ses performances et son impact dans les grands rendez-vous, relève davantage du réflexe médiatique que d’une véritable analyse sportive.

FHM

12 Comments

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *