Groenland : Cœur d’une tension géopolitique entre le Danemark et les États-Unis

Le Groenland, territoire autonome rattaché au Danemark, est récemment redevenu le centre d’une attention internationale accrue, en particulier celle des États-Unis, ravivant d’anciennes tensions et ambitions stratégiques. Ce vaste territoire arctique, riche en ressources naturelles et stratégiquement situé, fait l’objet d’un intérêt croissant.

Le Groenland : un territoire autonome sous souveraineté danoise

Historiquement, le Groenland, la plus grande île du monde, a été une colonie danoise pendant plus de 200 ans avant d’obtenir une autonomie gouvernementale en 1979 et en 2008, les citoyens du Groenland ont voté pour l’autonomie lors d’un référendum public. Aujourd’hui, le Groenland contrôle son système juridique, sa police, ses affaires intérieures et ses ressources naturelles, cependant, la défense et la politique étrangère restent sous le contrôle de Copenhague.

La relation entre le Groenland et le Danemark repose sur une coopération étroite, mais des aspirations indépendantistes existent parmi certains Groenlandais. Toutefois, l’île dépend fortement des subventions financières danoises, représentant environ un tiers de son PIB, ce qui rend son indépendance économiquement complexe à envisager à court terme.

L’intérêt stratégique et économique des États-Unis

Le Groenland a longtemps occupé une place clé dans la stratégie militaire des États-Unis, notamment pendant la Guerre froide. La base aérienne de Thulé, située au nord de l’île, sert encore aujourd’hui de point stratégique pour la surveillance et la défense nord-américaines.

Cependant, au-delà de l’aspect militaire, l’intérêt américain s’est intensifié avec la prise de conscience des richesses naturelles du Groenland. Ses vastes réserves de minéraux rares, essentiels à la production de technologies modernes, ainsi que son potentiel pétrolier et gazier, suscitent l’appétit de la première puissance mondiale.

Les États-Unis ont exprimé à plusieurs reprises leur intérêt pour l’achat du Groenland. En 1867, le Département d’État américain a exploré l’achat du Groenland et de l’Islande, et après la Seconde Guerre mondiale, le président Harry Truman a offert 100 millions de dollars en or pour l’île, une offre que le Danemark a refusée.

En 2019, Donald Trump alors président, a surpris le monde en suggérant que les États-Unis pourraient acheter le Groenland. Une déclaration qui a été classée sans suite.

Une pression américaine renouvelée

Malgré l’apparente fin de ces propositions controversées, les récentes actions américaines montrent que l’intérêt pour le Groenland ne s’est pas estompé.

Donald Trump, en attendant sa réinvestiture à la tête de la Maison Blanche, a décrit, en décembre dernier, l’acquisition du Groenland comme une “nécessité absolue” pour la sécurité nationale des États-Unis. Cette déclaration a été suivie par une visite du fils du président élu, Donald Trump Jr. sur l’île, bien que les responsables locaux aient insisté sur le fait que le Groenland n’était pas à vendre et ne le sera jamais.

Le Groenland : entre autonomie et pressions extérieures

En réponse aux intentions américaines, le Premier ministre groenlandais, Múte Egede, a réaffirmé la volonté du Groenland de poursuivre son chemin vers l’indépendance. Il a souligné que le Groenland “n’est pas à vendre et ne le sera jamais”.

Le Danemark de son côté, via son ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, a clairement fait savoir que son pays n’allait pas vendre le Groenland ni à Donald Trump, ni aux États-Unis. Pour faire comprendre ses intentions, il a même annoncé que le Danemark dépenserait des milliards pour augmenter ses dépenses militaires.

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a rejeté le souhait du président élu, Donald Trump, d’acheter le Groenland, et, a réaffirmé que l’avenir du Groenland devrait être décidé par ses habitants, soulignant que “le Groenland appartient aux Groenlandais”. Néanmoins, elle a salué les investissements américains dans ce territoire autonome.

Les Etats-Unis sont “notre allié le plus proche” et le Danemark est ouvert à une plus grande collaboration dans la région de l’Atlantique Nord, a déclaré, ce mardi 7 janvier 2025, Mme Frederiksen aux médias locaux.

Un avenir incertain pour le Groenland

Pour les Groenlandais, ces développements posent la question de leur avenir politique et économique. D’un côté, l’autonomie vis-à-vis du Danemark leur offre une certaine liberté pour négocier avec les grandes puissances, mais d’un autre, la dépendance économique vis-à-vis de Copenhague reste un frein à toute ambition indépendantiste immédiate.

Les Groenlandais se retrouvent à la croisée des chemins : défendre leur autonomie, renforcer leurs liens avec le Danemark ou succomber aux promesses économiques des grandes puissances.

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