Le Conseil électoral provisoire (CEP) sort d’un atelier sur le processus référendaire et les enjeux électoraux, cependant, les doutes persistent quant à la légitimité de l’institution et la sincérité du processus engagé. Compte tenu de la crise politique, de l’insécurité généralisée, mêlées de la méfiance citoyenne, ces initiatives incitent davantage d’interrogations que d’espoirs quant à un véritable retour à l’ordre démocratique en Haïti.


Le lundi 23 juin 2025, le Conseil électoral provisoire (CEP) a organisé à Pétion-Ville un atelier de travail centré sur le processus référendaire et les problématiques électorales en Haïti. Présentée comme une étape vers la tenue d’élections « crédibles et inclusives », cette rencontre a été l’occasion pour le président du CEP, Patrick Saint-Hilaire, de dresser un bilan des récentes activités de l’institution.
Il a notamment évoqué la formation des membres des Bureaux électoraux communaux (BEC) et départementaux (BED), ainsi que l’évaluation logistique des bureaux de vote dans neuf départements. Des avancées techniques certes notables, mais qui peinent à convaincre dans un contexte où la quasi-totalité des institutions démocratiques sont à l’arrêt, et où la légitimité même du CEP reste contestée par de nombreux acteurs politiques et organisations citoyennes.
Le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des questions électorales et constitutionnelles, Joseph André Gracien Jean, a de son côté salué ces « progrès », en appelant la population à formuler des propositions sur l’avant-projet de la nouvelle constitution, actuellement entre les mains du comité de pilotage de la Conférence nationale.
Mais comment parler d’un processus constitutionnel inclusif alors que le dialogue national reste confisqué par une élite politique fermée, que les espaces de participation citoyenne sont quasi inexistants, et que les populations les plus marginalisées ne trouvent aucun canal pour se faire entendre ? La réforme constitutionnelle portée par l’exécutif reflète-t-elle réellement une volonté populaire, ou s’inscrit-elle dans une stratégie de légitimation dans un vide institutionnel ?
L’atelier a réuni plusieurs experts électoraux, des représentants de la société civile et des partenaires internationaux. Toutefois, les interrogations demeurent. Le pays a-t-il réellement besoin de nouveaux ateliers techniques, ou bien d’un sursaut politique fondé sur une volonté sincère de rupture avec les pratiques d’exclusion, d’opacité et d’improvisation ?
Dans une atmosphère de défiance croissante envers les institutions, ces initiatives risquent fort de sonner creux en l’absence d’engagements clairs, concrets et suivis. Tant que la sécurité ne sera pas rétablie, que les partis politiques resteront fragmentés et que la population sera tenue à l’écart des grands choix nationaux, les perspectives d’un véritable retour à l’ordre démocratique resteront dangereusement faibles.
FHM
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