Haïti, jadis flambeau de liberté et d’émancipation, est aujourd’hui un pays vidé de sa boussole morale, saigné à blanc par ceux qui se présentaient comme ses sauveurs. Des figures politiques, autrefois perçues comme des repères dans la tempête, sont devenues des rapaces. Elles planent au-dessus des ruines, festoyant sur les cendres d’un peuple en détresse, s’abreuvant du silence et de la résignation collective.


L’année 2024 a été un tournant douloureux. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), supposé guider le pays vers un retour à l’ordre constitutionnel, est lui-même devenu le symbole d’un pouvoir dévoyé. En octobre, l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a révélé que trois membres du CPT Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles auraient exigé un pot-de-vin de 100 millions de gourdes (environ 750 000 USD) pour maintenir à son poste Raoul Pascal Pierre-Louis, alors président de la Banque Nationale de Crédit.
Ce scandale aurait dû provoquer des démissions immédiates et des poursuites judiciaires. Pourtant, ces conseillers siègent encore sans être inquiétés. Cette impunité flagrante est une preuve de l’effondrement de l’éthique politique en Haïti. Nous avons à faire à un système où les principes élémentaires de responsabilité sont bafoués. Chez nous, la décence n’est plus une exigence, elle est devenue un luxe oublié.
Alors que les élites manœuvrent en coulisse, le sang coule dans les quartiers populaires. En décembre 2024, un massacre d’une brutalité extrême a secoué Cité Soleil. Le gang du Wharf Jérémie a assassiné au moins 207 personnes, pour la plupart des pratiquants du vaudou. L’opération s’est déroulée dans un silence assourdissant : aucun responsable arrêté, aucune condamnation publique. L’État se tait. Le pouvoir détourne le regard ou ferme les yeux volontairement.
Ce massacre, l’un des plus sanglants de l’histoire récente du pays, démontre la faillite sécuritaire de l’État. Les gangs règnent, l’autorité recule, et la population n’a plus que sa peur comme unique protection.
La justice, elle aussi, est à genoux. Entre octobre 2023 et octobre 2024, seuls 241 procès pénaux ont été tenus dans tout le pays. Les tribunaux sont inaccessibles, souvent contrôlés ou attaqués par des groupes armés. Juges menacés, dossiers bloqués, procédures suspendues : la loi ne fonctionne plus. La justice ne trébuche plus, elle est effondrée.
À cette crise institutionnelle s’ajoute un effondrement économique. En 2024, le PIB d’Haïti a reculé de 4,2 %, marquant une sixième année consécutive de régression. L’inflation étrangle les foyers. Les pénuries s’intensifient. Les services publics sont à l’agonie. Pendant que la majorité lutte pour survivre, une minorité prospère dans les méandres opaques d’un pouvoir corrompu.
Face à cette triste réalité, quelques voix s’élèvent encore. Des partis politiques et organisations de la société civile ont proposé à la CARICOM de nouveaux noms pour remplacer les membres contestés du CPT. Cet élan, aussi fragile soit-il, pourrait marquer le début d’un sursaut moral et institutionnel. Mais est-ce suffisant ? L’histoire récente d’Haïti nous a appris à nous méfier des espoirs trop vite proclamés.
De nombreux rapports internationaux pointent du doigt l’enrichissement personnel de certains dirigeants, qui tirent profit de la crise sécuritaire et de la misère ambiante. À cet effet, comment les jeunes aspirant à la politique peuvent-ils encore espérer trouver des modèles ?
Haïti souffre d’un vide d’exemplarité. Elle n’a ni manque de talent, ni de courage, ni de dignité. Ce qui lui fait cruellement défaut, ce sont des repères éthiques, des femmes et des hommes enracinés dans le service et non dans l’ambition.
FHM
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