Les chauffeurs de transport en commun de Port-au-Prince : des héros au coeur lourd

Dans un Port-au-Prince rongé par l’insécurité, les chauffeurs de transport en commun continuent d’arpenter les rues, bravant chaque jour le danger pour subvenir aux besoins de leurs familles. Entre la menace constante des gangs, l’inflation galopante et un climat de peur généralisé, ces travailleurs de l’ombre font preuve d’un courage remarquable.

Autrefois, conduire un tap-tap ou un minibus dans les rues animées de Port-au-Prince était plus qu’un simple métier : c’était une vocation, un moyen de subsistance et une source de fierté. Relier les quartiers du centre-ville, de Delmas, de Pétion-Ville et d’autres zones de la capitale permettait non seulement d’assurer un service essentiel à la population, mais aussi de gagner honnêtement sa vie.

Mais aujourd’hui, avec l’aggravation de la crise, ces chauffeurs prennent de plus en plus de risques. Port-au-Prince est devenu un territoire où la violence dicte ses lois, et où les chauffeurs de transport en commun se retrouvent en première ligne, pris entre la nécessité de travailler et la peur de ne pas rentrer chez eux.

Entre une inflation galopante, un secteur économique en déclin et un marché public en crise, les chauffeurs de transport en commun subissent de plein fouet les effets de l’instabilité.

Roger, chauffeur depuis dix ans, déplore l’inaction des autorités : « Nous en sommes arrivés là à cause de la tolérance face à l’impunité et du manque de volonté politique pour rétablir l’ordre. »

Renaud, un autre chauffeur, raconte son quotidien avec anxiété : « Avant, mon objectif en sortant de chez moi était de faire le trajet entre Gérald Bataille et Delmas pour gagner ma journée. Aujourd’hui, mon plus grand souhait est de rentrer sain et sauf, même avec très peu d’argent, sans être pris dans une attaque ou touché par une balle perdue. »

Malgré le danger omniprésent, l’augmentation des prix des produits de premières nécessités et les difficultés quotidiennes, de nombreux chauffeurs continuent d’exercer leur métier avec bravoure. Martine, une passagère, leur rend hommage : « Ces chauffeurs sont de véritables héros. Continuer à travailler dans de telles conditions est une épreuve quotidienne. »

Face aux difficultés, pour eux, la seule véritable option est de tenir bon, de continuer à rouler, coûte que coûte, pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dans une ville plongée dans l’incertitude, ces chauffeurs sont bien plus que de simples transporteurs. Ils sont le symbole d’une résilience haïtienne qui refuse de plier sous le poids des crises.

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