Manifestations à Port-au-Prince : La population réclame des actions concrètes

Ce mercredi 19 Mars, plusieurs milliers de manifestants ont envahi les rues de la capitale pour exiger des autorités qu’elles prennent des mesures concrètes contre les gangs armés qui terrorisent la population. Dans une atmosphère de colère et de frustration, les protestataires ont exprimé leur ras-le-bol face à un gouvernement qu’ils jugent inefficace et déconnecté des réalités du pays.

Depuis plusieurs mois, la violence des gangs ne cesse de s’intensifier dans différentes ville du département de l’ouest, notamment à Port-au-Prince, où des quartiers entiers sont sous le contrôle de groupes armés. Assassinats, enlèvements, pillages et incendies sont devenus le quotidien de nombreux habitants, contraints de vivre dans la peur et l’incertitude. Face à cette situation, la population a décidé de hausser le ton et de descendre dans la rue pour faire entendre sa voix.

Les manifestants, scandant des slogans hostiles au gouvernement et aux neuf (9) conseillers du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), ont dénoncé l’inaction des autorités, notamment celle du Premier ministre de facto, Alex Didier Fils-Aimé. Pour eux, le pouvoir en place n’a rien fait pour enrayer l’insécurité et laisse les gangs imposer leur loi sur le pays.

La marche pacifique, qui a parcouru plusieurs artères de la capitale, devait initialement se rendre à la Villa d’Accueil, où se trouvent les autorités gouvernementales. Cependant, les forces de l’ordre ont empêché les manifestants d’approcher du bâtiment en faisant usage de gaz lacrymogène, provoquant une réaction de colère chez la foule.

En réponse, les protestataires ont érigé des barricades et lancé des pierres, entraînant des affrontements avec les forces de l’ordre. La tension s’est rapidement propagée, créant un climat de panique aux abords de la Primature. Malgré la répression policière, les manifestants restent déterminés à poursuivre leur mobilisation jusqu’à obtenir des réponses concrètes de la part des autorités.

Alors que la contestation monte dans les rues, l’État semble plus affaibli que jamais. La Direction Générale des Impôts (DGI) a annoncé qu’elle était temporairement inopérante sur tout le territoire national en raison de difficultés techniques affectant son système informatique. Seules les annexes de Pétion-Ville et d’Aquin restent opérationnelles.

Cette fermeture s’ajoute à une longue liste d’institutions publiques ayant dû quitter le centre-ville de Port-au-Prince en raison de l’insécurité, parmi lesquelles le Palais National, la Cour de Cassation, le Tribunal Civil et plusieurs ministères. La capitale, autrefois centre névralgique du pouvoir, est désormais une zone largement contrôlée par des groupes armés, contraignant l’État à se replier vers d’autres régions.

Face à cette situation alarmante, la population ne compte pas baisser les bras. Les manifestants ont promis de continuer leur mobilisation tant que des mesures concrètes ne seront pas prises pour démanteler les gangs et rétablir la sécurité dans le pays. Ils exigent non seulement une intervention ferme des forces de l’ordre, mais aussi des réformes structurelles pour lutter contre la corruption et améliorer la gouvernance.