Sommet Brésil-Caraïbes : Retour du président du CPT, quelles retombées pour Haïti ?

De retour d’un sommet régional à Brasilia, le président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, affiche un bilan diplomatique prometteur mais encore incertain. Entre engagement brésilien, promesse de financements internationaux et projets de coopération économique, les annonces faites à l’issue de sa visite soulèvent autant d’espoirs que d’interrogations.

De retour d’un déplacement à Brasilia, où il a participé au Sommet Caraïbes-Brésil, le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Son Excellence M. Fritz Alphonse Jean, a regagné Port-au-Prince le dimanche 15 juin. À l’Aéroport International Toussaint Louverture, il a été accueilli par un comité officiel comprenant notamment la Secrétaire générale de la Présidence, le Premier ministre, ainsi que le Directeur général intérimaire de la Police nationale d’Haïti (PNH).

Lors de ce sommet régional, le chef du CPT s’est félicité de l’engagement du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva à soutenir le peuple haïtien. Ce dernier a en effet appelé la communauté internationale à se mobiliser en faveur de l’élaboration d’un véritable plan de développement national pour Haïti. Une déclaration saluée, certes, mais qui, pour l’heure, demeure au stade d’intention.

Les discussions multilatérales ont porté sur des thématiques majeures telles que la sécurité alimentaire, le changement climatique, l’énergie et la gestion des risques — autant de domaines dans lesquels Haïti souffre cruellement d’un manque de politiques publiques cohérentes et durables. Si la participation du pays à ce sommet témoigne d’une volonté diplomatique de ne pas rester en marge des dynamiques régionales, peu de signaux concrets ont été donnés quant à la manière dont ces engagements pourraient se traduire sur le terrain.

En marge du sommet, le président Fritz Alphonse Jean s’est entretenu avec le président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), M. Ilan Goldfajn, qui a confirmé une aide de 300 millions de dollars destinée à financer des projets sociaux, notamment dans les domaines de la santé et de la protection des jeunes filles victimes de violences. Une annonce prometteuse, certes, mais dont l’impact dépendra entièrement de la transparence dans la gestion des fonds et de la capacité de l’État à en assurer la mise en œuvre effective.

Un autre échange a eu lieu avec le Premier ministre des Bahamas, M. Philip Davis, autour d’une éventuelle mission économique conjointe avec la Chambre de commerce du Grand Nord d’Haïti. Là encore, cette perspective soulève des interrogations quant à la faisabilité de telles initiatives économiques dans un pays en proie à une insécurité généralisée.

Car, en toile de fond de cette activité diplomatique, la réalité haïtienne demeure inchangée : une crise sécuritaire qui s’enlise, un climat d’impunité qui gangrène les institutions, et une population de plus en plus méfiante face aux promesses politiques. Tandis que les gangs armés continuent de semer la terreur dans plusieurs régions du pays, les retombées attendues de ces démarches régionales sont scrutées avec un scepticisme grandissant.

Peut-on réellement espérer que ces annonces débouchent sur des actions concrètes, capables d’inverser la tendance et de restaurer un minimum de stabilité ? La question reste entière, alors que le pays s’enfonce dans une spirale d’urgence multidimensionnelle.

FHM