Sommet Caraïbe-Brésil : Diplomatie stratégique ou voyage inutile

Le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, a quitté Haïti ce 11 juin à destination du Brésil, où il doit participer au Sommet Caraïbe-Brésil prévu pour demain 13 juin 2025. Ce nouveau déplacement officiel légitimise de nombreuses interrogations. Que gagne réellement Haïti à participer à ces sommets internationaux ? Et à quel prix ?

Haïti traverse l’une des pires crises de son histoire, le président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, s’est envolé pour le Brésil afin de participer au Sommet Caraïbe-Brésil. Accompagné de la ministre de la Planification et de la Coopération Externe, Ketleen Florestal, ce déplacement officiel soulève des questions sur sa pertinence, son coût, et l’absence de retombées concrètes pour une population en quête urgente de solutions.

Si les coûts exacts de ce voyage n’ont pas été rendus publics, le contexte budgétaire permet néanmoins quelques observations. Le budget national pour l’exercice 2024-2025 s’élève à 323,4 milliards de gourdes, selon les données publiées par le Ministère de l’Économie et des Finances. À lui seul, le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe a vu ses allocations bondir de 160% par rapport à l’année précédente, atteignant plus de 6 milliards de gourdes (HaïtiLibre, 2024).

Face à cette hausse, une question s’impose : comment ces ressources sont-elles réellement utilisées ? À défaut de résultats concrets, la participation répétée des responsables haïtiens à des sommets internationaux commence à ressembler davantage à une diplomatie de façade qu’à une stratégie au service du développement national.

Une partie du financement de ces missions provient du budget de l’État, alimenté par les recettes fiscales, les emprunts, et surtout les aides internationales. En 2024, Haïti a bénéficié de près de 75,1 milliards de gourdes en dons et financements de projets de la part de ses partenaires internationaux. Mais ces fonds sont censés être affectés à des priorités urgentes : sécurité, santé, éducation, relance économique. Leur usage pour des missions diplomatiques aux résultats flous crée une méfiance croissante chez les citoyens.

À l’heure où le pays est paralysé par la violence des gangs, le dysfonctionnement des institutions et une détresse sociale généralisée, faut-il vraiment que les plus hauts dirigeants de l’État multiplient les déplacements à l’étranger ? La population, elle, attend des mesures substantielles, visibles et immédiates.

FHM

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