Un dimanche perdu dans le tumulte de l’insécurité au centre-ville

Autrefois animé par les rassemblements religieux et les repas en famille, le dimanche a perdu son essence dans un centre-ville de Port-au-Prince ravagé par l’insécurité. Pour les déplacés vivant dans des conditions précaires, la notion du temps devient un luxe inaccessible.

Autrefois, le dimanche était un jour particulier dans le centre-ville de Port-au-Prince. Les rues s’animaient de fidèles en route vers l’église, tandis que de nombreux foyers préparaient des repas spéciaux, différents de ceux des autres jours de la semaine. Aujourd’hui, pour les personnes vivant dans les camps de déplacés, ce jour sacré a perdu toute signification. Loin d’être un moment de répit, il est marqué par l’incertitude et la résignation face à une insécurité qui gangrène leur quotidien.

Dans ces conditions précaires, la seule certitude qui demeure est que “ce dimanche est le dernier du mois de mars”. Mais cette prise de conscience ne suscite ni joie ni espoir, seulement une profonde amertume.

Depuis plus de deux ans, la crise sécuritaire, orchestrée par des gangs armés, a contraint de nombreuses églises, écoles et institutions publiques et privées à fermer leurs portes. Le temps semble s’être figé pour des milliers de familles, piégées dans une spirale de peur et de précarité.

“Si vous ne m’en aviez pas parlé, je n’aurais même pas su que nous sommes dimanche, encore moins le dernier du mois de mars”, confie Sarah, mère de deux enfants.

Pour d’autres, les repères temporels ont disparu en même temps que leur accès aux activités du quotidien. “Nous sommes privés de loisirs, privés d’éducation”, témoignent Erva et Lila, deux élèves de la NSII.

Les quartiers autrefois dynamiques, où écoles, universités et églises rythmaient la vie locale, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Solino, Bas Delmas, Baillergeau, l’Avenue Christophe, Carrefour-Feuilles et Portail Léogâne sont désormais sous le joug des groupes armés, où chaque déplacement doit se faire avec leur autorisation.

FHM